Arbitre International – Ligue De Football des Hauts de France
Le sport favori des français n’est pas le football, mais l’arbitrage. Tout le monde arbitre, et en tout lieu : sur un terrain de sport, dans une tribune, face à un écran de télévision, au téléphone, devant un journal spécialisé (ou non), à un comptoir de restaurant, à la machine à café…
Il est même troublant de voir que l’arbitrage est ainsi devenu un formidable outil de lutte contre l’individualisme croissant de la société. Mais à quel prix…
Le football moderne est en perpétuelle évolution. Il doit aujourd’hui répondre à des exigences grandissantes dans beaucoup de domaines : des exigences de résultats chez les joueurs et leurs dirigeants, des exigences de spectacle chez les (télé)spectateurs et les médias. Étroitement liées aux mutations sociétales, ces exigences situent l’arbitre et l’arbitrage au centre d’un microcosme footballistique plutôt instable.
Les enjeux financiers colossaux sont désormais devenus une composante oppressante du football professionnel, dépassant ainsi largement le cadre purement sportif dans lequel le football est né. L’outil télévisuel offre aujourd’hui à un public hétéroclite la vérité du terrain par le balayage constant d’une vingtaine de caméras. Certains comportements pernicieux initiés lors de rencontres professionnelles transpirent jusque dans les Ligues et les Districts et viennent polluer le quotidien des compétitions régionales ou départementales.
Dans ce contexte rendu plus pesant match après match, un mauvais résultat, un but refusé, un penalty non-sifflé et la vindicte populaire, simple reflet d’une société en quête permanente de boucs émissaires, s’abat sur nous. Nous, nous sommes les arbitres qui officions chaque semaine aux quatre coins du monde.
Certes, on peut refaire beaucoup de choses (le match, le monde) mais toutes les discussions effrénées et irrationnelles sur l’arbitrage n’effaceront jamais la passion qui nous anime. Avant tout peut-être, il faut être convaincu qu’une partie du succès du football tient à l’universalité de ses lois, à la nature imprévisible du jeu et, sans doute, aux émotions et passions que tout cela provoque.
Un défi crucial s’annonce maintenant à nous : être capables de suivre (et non de subir) les mutations de la société en général et du football en particulier, avec efficacité et lisibilité dans notre domaine de compétence. Après tout, tant mieux car les défis à relever sont toujours source de détermination. Pour un jour, peut-être, retrouver un football sain et serein, un football de fête et de convivialité comme nous le souhaitons tous.
Avec vous, j’y crois de toutes mes forces..
Stéphane LANNOY